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Fractionner notre prospérité!

Nous tous faisons partie du système économique actuel. Ce système repose sur l’injustice. Quiconque a quelque chose à vendre cherche à le vendre au prix le plus élevé possible. Quiconque cherche à acheter, veut acheter le moins cher possible. Ni l’un ni l’autre est juste. Il serait juste de demander et de payer un prix équitable. Les organisations de commerce équitable s’occupent de cette problématique, bien qu’elles soient encore marginales. Leurs prix ne sont pas totalement équitables non plus. Voilà ce qui serait juste: quiconque fournit une prestation peut s’acheter la même chose, indépendamment du pays où il habite. Or nous sommes loin de là. La justice peut augmenter à partir du moment où nous sommes d’accord en tant que consommateurs et producteurs de payer davantage que ce que demande le « marché », voire demander moins que ce que permet le « marché ». La justice exige de la générosité. La justice a besoin de la disponibilité au partage. La justice a besoin de conditions cadres équitables dans le droit national et international. Nous qui vivons en occident profitons du système actuel. Or nous aurions la possibilité de nous comporter de manière plus juste et plus paisible au sein de ce système. Et nous aurions la possibilité de faire évoluer ce système davantage dans le sens de la justice et de la paix. Mais cela ne marche que si nous ne sommes pas essentiellement motivés par notre propre profit. Il y aurait d’autres motivations: l’amour du prochain, l’empathie, la politesse, la responsabilité. Ne serait-il pas beau de vivre dans un monde où tous ont assez pour vivre, où l’on ne doit pas tout le temps se méfier d’être trompé par des prix trop élevés ou trop bas, où l’on pourrait faire confiance et être rassuré de ce que chacun soit payé équitablement pour son travail? Ce monde là est possible. Il arrivera plus vite dans la mesure où nous y contribuons. Alors apportons notre part à un monde plus équitable, car la justice est le chemin vers la paix!

Achetons social et écologique!

L’argument pour justifier la vente de fraises en janvier est connu: Les clients les demandent. C’est une réponse gratuite, mais elle contient une vérité: Ce ne sont pas que les entreprises et les patrons qui sont responsables pour promouvoir une économie équitable, mais nous le sommes tous, aussi le consommateur qui se considère innocent.

Il est vrai que trop de choses sont quasiment imposées au consommateur, comme par exemple l’emballage onéreux, encombrant et mal pratique. Toutefois, la décision d’acheter ou non appartient aux consommatrices et consommateurs. Nous sommes sous pression, mais nous sommes toujours libres d’acheter ou ne pas acheter, surtout lorsqu’il ne s’agit pas de produits de base ou lorsqu’il existe des alternatives.

L’obsession d’acheter au plus petit prix possible pour tout et n’importe quoi s’avère trompeuse et destructrice sur la durée, et pour le client et pour la planète.

La consommation et les achats sont motivés par les habitudes et celles-ci sont difficiles à changer. Or c’est ce changement qui sera nécessaire pour plus de justice et plus de durabilité.

La digitalisation favorise une concentration de la production et de la distribution. Plus de gens autour du monde consomment des produits d’un nombre de producteurs toujours plus petit, par quelques distributeurs gigantesques mais peu équitables. Cela a comme avantage que le choix et grand et les délais sont courts. Mais les conditions de travail de ces géants sont souvent mauvaises et les salaires insuffisants. Le fossé se creuse…

Cependant, il existe aujourd’hui de plus en plus de possibilités, surtout dans l’alimentation, de soutenir une économie plus juste, en achetant des produits provenants d’une production locale, écologique et durable.

Quelques pistes:

  • Comparer non seulement le prix, mais aussi la provenance, la qualité, la durabilité de la production.
  • Laisser l’emballage dans le magasin au lieu de l’emporter
  • Acheter dans le petit magasin local ou auprès du producteur
  • Préférer les produits du commerce équitable, comme ceux des magasins du monde.
  • Le commerce direct est de loin le plus durable et le plus équitable

 

 

Marche de Pâques 2016

La prochaine marche de Pâques prendra place le lundi, 28 mars 2016. Avec la devise «Désarme pour la paix – Accueillir les réfugié-e-s» nous protestons contre le «War on Terror» qui force des millions au vol. Avec l’exportation des armes et l’investissement des banques, assurances et des fonds de pensions, la Suisse fait part du machine de guerre. Au lieu du cette politique de guerre, la Suisse doit finalement propager les moyennes civiles pour maintenir la paix.

Affiche
Des millions de personnes fuient la guerre, la violence et le manque de perspectives. En même temps, dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme», les appels à de nouvelles guerres, à une surveillance encore plus intensive et à plus d’isolement se font entendre. Or, c’est la guerre contre le terrorisme qui a aidé à créer cette situation et qui l’exacerbe. Les exportations de matériel de guerre, les investissements par les banques, les caisses de pension et d’assurances dans l’industrie de guerre font de la Suisse une partie de la machine de guerre qui force des millions d’êtres humains à fuir  leurs foyers. Au lieu de mener une politique de guerre, la Suisse doit diffuser l’artisanat de la paix. Les personnes qui cherchent un refuge en Suisse doivent être accueillies dans l’hospitalité et doivent pouvoir se former et travailler.

Par cette marche de Pâques 2016 nous revendiquons :

  • Pas de participation suisse aux affaires liées à la guerre: arrêter les exportations d’armes et interdire les investissements de guerre.
  • Pas d’élargissements de l’état de surveillance
  • Lutter de manière efficace contre les causes de fuite par une politique étrangère et économique qui promeut la paix
  • Du travail et de l’éducation pour les réfugiés: créer des perspectives au lieu d’interdire le travail

Contre l’implication de la Suisse dans le commerce de la guerre : stopper les exportations d’armes et interdire les investissements dans la guerre!

Une cartouche ne génère que quelques centimes de profit. Elle met cependant fin à la vie d’un être humain en une déflagration. Armes et munitions sont produites pour tuer des personnes. Du matériel de guerre est livré par la Suisse dans le monde entier – la Suisse appartient d’ailleurs aux dix plus gros pays exportateurs d’armes par habitant-e.

Kriegsmaterial

Depuis l’assouplissement de l’Ordonnance sur le matériel de guerre en 2014, des exportations peuvent être effectuées vers les états qui violent systématiquement et sévèrement les droits humains. La poudrière du Moyen-Orient est l’une des plus grandes acheteuses de matériel de guerre suisse. De part les exportations, la Suisse alimente les conflits militaires à travers le monde – et assure ainsi l’instabilité et l’insécurité globale, poussant un grand nombre de personnes à fuir leur pays. L’illusion d’exportations d’armes non problématiques est fausse et hypocrite. De nombreux/euses civil‑e‑s sont victimes de la «guerre contre le terrorisme». Les démocraties occidentales elles-mêmes ne reculent pas devant des guerres illégales et les violations des droits humains. Qu’importe dans quelles mains elles se trouvent, les armes sont faites pour tuer des êtres humains.

La Suisse n’alimente pas les guerres et les conflits dans le monde uniquement à travers les livraisons d’armes. Les banques et les caisses de pension suisses, la Banque nationale suisse, UBS, le Crédit Suisse et les banques cantonales avant tout, jouent un rôle significatif pour les entreprises d’armement. Elles sont impliquées dans le financement des entreprises d’armement à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars. Souvent même en tant qu’actionnaires de producteurs d’armes. La Banque nationale suisse investit ainsi dans 30 des 100 plus grandes industries d’armement. UBS, depuis 2011, a investi plus de trois milliards de dollars américains dans des entreprises qui produisent des armes atomiques et des sous-munitions. Une grande partie des banques suisses sont impliquées dans le financement d’armes interdites par le droit international, comme les sous-munitions et les armes atomiques, malgré que cela soit interdit depuis février 2013. Les codes éthiques des banques ne servent, le plus souvent, qu’à soigner leur image et n’empêchent en rien les investissements dans la production d’armes de destruction massive. La Suisse est fortement impliquée dans le commerce des armes, nos banques sont souvent dans le peloton de tête lors d’émissions d’actions ; cela canalise des milliards.

Vous trouverez plus d’informations sur les exportations de matériel de guerre suisses et les investissements des banques et caisses de pension suisses dans les entreprises d’armement sous : www.materieldeguerre.ch.

Une lutte effective contre les causes de fuite à travers une politique étrangère et économique promotrice de paix

La pauvreté et l’absence de perspectives sont un terrain terrible mais fertile pour les conflits qui, par la militarisation et une densité et une prolifération des armes inimaginables, causent destructions et souffrances.Pour une lutte durable contre les causes de fuite, une politique étrangère et économique qui ne participe pas à augmenter le fossé entre les riches et les pauvres, entre le nord et le sud mais participe à construire un équilibre économique et social, est nécessaire. L’initiative pour des multinationales responsables, qui oblige les entreprises internationales à respecter les droits humains dans le monde entier, est, par exemple, une revendication importante.

Friedenspolitik
Une réelle politique des réfugié-e-s n’est pas une politique de la peur mais de la paix

Lorsque des réfugié-e-s arrivent en nombre, ils et elles peuvent causer de l’anxiété dans la population locale. La politique de sécurité fait référence à la dynamique de la peur, mais elle n’agit pas contre elle. La rhétorique de la peur ne laisse pas de place pour une solution à long terme, car elle se concentre sur le problème. En d’autres termes, du point de vue féministe et pacifiste, la politique des réfugié‑e‑s ne peut pas fonctionner si elle est actionnée par les instruments de la politique de sécurité. Si la politique des réfugié‑e‑s fonctionne comme une politique de sécurité, elle aboutit à un renforcement de la rhétorique de la guerre et à plus de moyens militaires. Cette connaissance est absente de la politique des réfugié‑e‑s actuelle, cette dernière fonctionnant d’après un système de lutte contre les symptômes. Mais la migration n’est pas seulement un symptôme. Il est grand temps de briser l’horizon de la politique de sécurité et de poser des questions de politique de paix:

Pourquoi des conditions qui poussent des personnes à fuir prévalent dans certains pays? Pourquoi la guerre et des états de violence existent-ils? Qui profite de la guerre, qui fournit les armes? Pourquoi les pays en développement restent économiquement fortement marginalisés? Qui porte la responsabilité dans le fait que les pays pauvres n’aient pas de participation juste au marché mondial et que leur développement soit ainsi impossible? Est-ce que notre aide au développement aide réellement ou nuit-elle en cimentant les relations de pouvoir existantes?

Une politique de paix durable analyse l’injustice globale, la répartition inégale des ressources et accepte ses responsabilités. Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugié‑e‑s jusqu’à fin 2015, revendique cette perspective pour l’image d’ensemble, de sorte qu’une solution puisse être trouvée. Tous les États doivent repenser leur stratégie d’aide au développement ; le but de l’aide au développement devrait être de permettre aux gens d’avoir un bon avenir dans leur propre pays.

Politique de paix cohérente

Cette approche nécessite d’analyser les relations de pouvoirs et les structures existantes et à remettre en question ce qui force tant de personnes à fuir. Afin qu’une politique de paix durable émerge des politiques futiles de sécurité et de la peur, les discours précités, promoteurs de peur, doivent, dans un premier temps, être déconstruits. Dans un deuxième temps, il est nécessaire d’aborder clairement les causes et les liens au lieu de les cacher sous le tapis. Pour donner un exemple peu réaliste, mais symbolique: S’il n’y avait pas d’armes sur le marché, il n’y aurait pas de conflits armés. Seulement alors une politique durable qui ne se contredit pas et conduit donc à une solution serait possible.
Les auteur‑e‑s de la Charte de la Migration tissent également le lien entre les politiques économiques et commerciales et la migration, dans la section sur le principe de la justice:

«La migration est en grande partie due à une politique économique et commerciale capitaliste, aux exportations d’armes et au style de vie non durable qui détruit les ressources vitales au lieu de les sauvegarder. »
Charte de la Migration

La Women’s International League for Peace and Freedom WILPF relève, dans le résumé de sa conférence à l’occasion de ses 100 ans, que la véritable sécurité est basée sur l’égalité et la réalisation des droits humains:

«Real security lies in equality and the realisation of human rights. One year’s military expenditure would realize the Millennium Development Goals many times over with a permanent and sustainable dividend.»
WILPF

En ce qui concerne le débat sur les réfugié‑e‑s, les femmes de Bosnie soulignent, dans une lettre ouverte (women organizing for change), que le vrai problème ne sont pas les réfugié‑e‑s, mais l’incapacité ou le refus de mettre un terme aux guerres et aux conflits:

«The real issue is the ongoing war in Syria and wars and violence in the Middle East and Africa, that bring endless suffering to the people and for which we bear a significant degree of responsibility for – let us not forget that one of the reasons for wars and violence taking place in many of these countries is the global exploitation of resources and power struggles, which European colonizers created and today’s Western powers and corporations help to maintain. The real issue here is the inability (or unwillingness) to stop the war and violence. The problem is not the people who are seeking shelter, protection and a better future!»
WILPF

Et l’ancien sous-secrétaire général des Nations unies pour les affaires de désarmement Jayantha Dhanapala cible non seulement la pauvreté comme cause, mais également les suites de la guerre:

«[…] nearly 3 billion people, almost half the world’s population, live on a daily income of less than $2 a day. Poverty and conflict are not unrelated; they often reinforce each other. Poverty is a potent catalyst for conflict and violence within and among states, particularly at a time when poor countries and peoples are increasingly aware of the relative affluence of others. Conflicts plunge many individuals into poverty and deal a severe blow to a country’s longer-term development efforts. Even where there is no active conflict, military spending absorbs resources that could be used to attack poverty.»
Jayantha Dhanapala

Bilan

Il est temps que la Suisse accepte ces conclusions et accorde ses politiques étrangère et économique. Le temps où la Suisse consolide, d’une main, une politique étrangère pacifiste et, de l’autre, l’annule par sa politique économique, doit prendre fin. Un changement de pensée est particulièrement nécessaire dans le domaine « lutter contre les causes de fuite », afin que la Suisse participe également, par une politique économique promotrice de paix, à la solution aux problèmes mondiaux. Pour que la politique des réfugié‑e‑s fonctionne de manière durable, l’objectif doit être redéfinit: du «contrôle de la migration » à « la paix ».

Pas d’expansion de l’État fouineur

Chaque fois qu’une attaque terroriste a lieu dans une ville européenne ou nord-américaine, les politicien‑ne‑s, de gauche à droite, appellent à plus de surveillance, en particulier des personnes de confession musulmane ou d’origine nord-africaine. Plus de surveillance n’amène pas à plus de sécurité, mais à une limitation massive de notre liberté. En outre, les mesures de surveillance acclamées échouent régulièrement.

überwachungsstaat

Après les attaques terroristes du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis, comme après les attentats de Paris du 13 novembre 2015, de nouvelles opportunités ont été mises en place pour les services secrets et la police, afin de surveiller non seulement les suspect‑e‑s, mais également des citoyen‑ne‑s ordinaires. Les politicien‑ne‑s de gauche à droite, de George W. Bush à Barack Obama, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, ont préconisé ces mesures et ont promis à leurs électeurs et électrices une plus grande sécurité. Cependant, et notamment à l’occasion des attentats de Paris, il semble que les gens oublient que l’appareil de renseignements français avait déjà des pouvoirs étendus, et que malgré cela, il a été impossible d’empêcher les attaques.

De plus, selon le «Spiegel», sept des huit terroristes étaient déjà connus des autorités et soupçonnés d’être des islamistes violents. Ils ont, en outre, communiqué par SMS de manière non cryptée, et ce, bien que les autorités surveillent ces moyens de communication. Le cerveau de l’attaque, Abdelhamid Abaaoud, avait annoncé dans le « Dabiq », le journal officiel de propagande de l’EI, qu’il séjournait en Belgique et préparait une attaque et ce, malgré qu’il soit surveillé par la police. Les autorités avaient ainsi toutes les cartes en main pour prévenir ces attaques, mais n’ont cependant pas été en mesure de filtrer les données réellement pertinentes.

Dans le même temps, les politicien‑ne‑s, de l’UDC au PS, appellent à une plus grande surveillance par l’État. Avec la nouvelle Loi sur le Renseignement (LRens), toutes les personnes en Suisse seront surveillées, et non plus uniquement les criminel-le-s (potentiel-le-s). Écoutes téléphoniques, lecture des e-mails, messages Facebook, Whatsapp et SMS, de même que la surveillance d’Internet par mots-clés, sont autant de moyens de surveillance aléatoire de masse. Les données personnelles de toutes les personnes résidant en Suisse seront enregistrées, même si ces personnes n’ont rien à se reprocher.

Le service de renseignement passe alors d’une autorité de sécurité défensive à un appareil offensif de la police secrète, extérieur au cadre de l’État de droit. Le contrôle démocratique par le peuple est aussi minime que la transparence. Les affaires des fiches, lors desquelles des centaines de milliers de citoyen‑ne‑s avaient été surveillé‑e‑s, ne devraient pas être oubliées. Sans compter le fait qu’aujourd’hui déjà, avec le Ministère public de la Confédération et les autorités policières cantonales, des autorités bien formées et au bénéfice de ressources substantielles sont déjà responsables des enquêtes sur les activités terroristes et le crime organisé. Elles disposent des moyens nécessaires et d’une surveillance légale. Toute surveillance supplémentaire par l’État, sans soupçon concret, nuit à l’État de droit et à la démocratie.

Liens :

 

Pour l’intégration et non l’assimilation

En Suisse, 24% de la population possède un passeport étranger. Cela représente presque 2 millions de personnes. Elles vivent en Suisse, y travaillent, y paient des impôts, etc. La question de l’intégration est donc un sujet omniprésent et permanent de discorde dans les débats politiques, notamment quand ils portent sur la naturalisation. En Suisse, on exige toujours davantage de la population étrangère avant qu’elle soit considérée comme « bien intégrée » et acceptée. Cependant, des barrières légales et des obstacles pratiques s’élèvent dans le quotidien et des critères toujours plus stricts sont posés.

IntegrationL’intégration est un processus qui peut durer toute une vie. Elle se déroule de manière fortement individuelle et peut ainsi prendre les formes et les marques les plus diverses. Le processus a lieu en même temps à divers niveaux : social, intellectuel, culturel, mais aussi politique.

L’intégration est un phénomène complexe qui ne peut que mal voire pas du tout se mesurer et qui exige un maximum de respect et de tolérance. Elle a lieu au jour le jour, dans la cour d’école, au travail, dans les loisirs. Elle touche parfois à des aspects spécifiques au sexe, parfois à des questions de statut et de prestige, parfois à l’origine sociale d’un individu. Même si la notion d’intégration a avant tout des incidences dans le contexte de la politique sur les étrangers, elle concerne aussi d’autres groupes de population selon le domaine dans lequel s’inscrit la discussion. Les femmes, les marginaux, les personnes avec handicap, les enfants, mais aussi les banquiers ou les scientifiques sont également, comme les migrant-e-s, forcés, selon leur situation, de s’intégrer individuellement dans un système déterminé.

En Suisse, l’intégration est toujours plus utilisée comme un critère pour les autorisations de séjour. Cela signifie que lorsque les autorités sont appelées à établir ou prolonger une autorisation, elles tiennent compte d’abord du degré d’intégration de la personne concernée. De plus en plus, c’est une conception néolibérale de l’intégration qui s’impose : celle-ci est considérée comme une prestation que toute personne qui s’y efforce suffisamment pourrait fournir. Celui qui n’y parvient pas est lui-même fautif. Les structures économiques et sociales de l’exploitation, de la discrimination et de l’exclusion sont ignorées. Les obstacles qui barrent la route des migrants sont invisibles : seule compte leur responsabilité individuelle. La conséquence logique : celui qui respecte ne pas l’obligation de s’intégrer ne mérite pas de rester en Suisse, d’avoir un passeport suisse, etc.

Finalement, signalons qu’une intégration effective ne peut pas avoir lieu sans que certains droits soient reconnus et garantis. En effet, celui qui exige une participation à la vie de la société doit aussi la rendre possible et l’encourager ! Pour cela, nous devons lutter contre un certain nombre de discrimination juridiques, politiques et structurelles. Il s’agit notamment de mieux reconnaître les diplômes étrangers, de lutter contre le dumping salarial, et d’introduire le droit de voter et d’élire pour tous les étrangers au niveau communal, cantonal et surtout national. Nous avons besoin d’une politique migratoire qui reconnaissent les ressources des migrants, y compris des migrants extraeuropéens. Pensons notamment à la richesse linguistique que certains apportent avec eux ! Il est extrêmement important de pouvoir valoriser ce genre de compétences. Enfin, nous devons également défendre une pratique de naturalisation généreuse et non bureaucratique : le passeport ne doit plus être considéré comme une médaille qui vient récompenser une intégration réussie, mais comme une étape faisant partie de ce processus d’intégration.

Il est fondamental de se distancier d’une définition de l’intégration comme une forme d’assimilation. L’intégration est un processus réciproque, auquel participent les migrants mais également la société suisse. Par ailleurs, il est urgent de reconnaître que l’intégration ne pourra jamais avoir lieu sous la contrainte et la menace.